Alors que les mouvements pro-palestiniens s’agitent dans le monde entier, alors que des personnalités comme la reine de Jordanie mettent en doute ce qui s’est passé le 7/10 en Israël, alors qu’Israël est accusé de génocide, il est crucial de rappeler la vérité, et de se souvenir.
– Non, Israël ne commet pas de génocide des Palestiniens à Gaza. Le génocide est par définition la destruction méthodique d’un groupe humain. Or 20 % de la population en Israël sont des Palestiniens, et vivent bien mieux qu’ailleurs.
– Oui, le Hamas est une organisation terroriste, islamiste et sanguinaire, et c’est le but d’Israël de se débarrasser d’eux.
5 mois ont passé depuis cette date mémorable d’une attaque surprise dans les villages israéliens du sud. Nous avons réalisé qu’à Jérusalem ou à Tel-Aviv, la guerre n’est pas vraiment ressentie, la vie a repris comme avant … avec les attentats qui hélas font partie de la vie en Israël.
Venir sur place nous semblait important …
Nous sommes ainsi partis dans un bus avec un groupe de 60 Israéliens francophones. Organisée par l’association Keren Le Ketty, une « journée-hommage » a été proposée pour aller sur les lieux où plus de 1200 Juifs furent assassinés, violés, mutilés, et pour rendre hommage à ces victimes de la barbarie du Hamas. Notre guide est Michael Illouz, journaliste et spécialiste des questions géopolitiques.
La première « visite » fut le commissariat de Sdérot, un lieu où 35 policiers israéliens ont été tués dans un combat qui dura 20h. Sdérot, une ville de 33 000 habitants, tout proche de Gaza, n’ayant connu en 20 ans que la vie sous les tirs de Kassams laissant 15 secondes pour courir aux abris. De ce commissariat, il ne reste que des bouts de ferraille sortant du sol. Le bâtiment a été rasé, et c’est à présent un espace de mémoire. Deux grandes fresques nous rappellent de manière artistique et spirituelle cette tragédie du 7/10.
Un événement relaté par notre guide fut le massacre d’un groupe de retraités dont des rescapés de la Shoah, dans un bus qui avait crevé près de Sdérot. La totalité du groupe a été tuée à bout portant.
Notre deuxième arrêt fut à Kfar Saad. Le kibboutz a été fondé en 1947 par des membres du mouvement de jeunesse religieux Bnei Aqiva ; y habitent actuellement un millier de personnes. Ce 7/10, alors que tout autour, les kibboutzim de Kfar Aza, Nahal Oz et Beeri étaient massacrés sans pitié, les gens de Saad réussirent à contenir les assaillants. A Saad, on ne compte aucun mort – un vrai miracle : le groupe de défense n’avait plus de munitions contre une quarantaine de terroristes qui essayaient de pénétrer dans le Kibboutz. Surgit alors un tank qui passait sur cette fameuse route 232 longeant Gaza ; leur mitrailleuse balaya les terroristes … et continua sa route vers Beeri. Saad était sauvé !
L’arrêt suivant fut Tkuma, un lieu où sont regroupées toutes les voitures qui ont été mitraillées le long des routes, explosées par les RPG ou grenades, et dont les carcasses sont là à présent empilées – des témoins noircis rappelant l’indicible. Tkuma deviendra probablement un lieu de mémoire.
Enfin au coucher du soleil, on s’est arrêtés à l’endroit du Festival Nova à Re’im où 3 000 jeunes s’étaient installés ce dernier jour de Souccot pour 2 jours de fête. Ce lieu de massacre est devenu également un lieu de mémoire pour les 364 personnes qui furent tuées et où 40 otages furent emmenés dans les tunnels du Hamas.
Nous avançons silencieusement, respectueusement, au travers de ces photos de jeunes gens souriants, mais disparus. Des groupes de Juifs religieux prient et chantent, des familles sont regroupées autour de soldats qui témoignent, des gens sont accroupis devant des visages pour allumer des bougies et se recueillir. Avec le KKL, des arbres ont été plantés à Tou Bichvat, le printemps des arbres en Israël, un arbre pour un nom. Le coucher du soleil au travers de ces arbres où personne ne pouvait se cacher, est magnifique. L’endroit est paisible.
Israël aura du mal à tourner la page de cette effroyable tragédie – pour cela, le Hamas doit être éliminé définitivement. Les psychologues disent qu’une grande partie de la population est atteinte du syndrome post traumatique. Comme à Sdérot dont toute une génération de jeunes est née dans l’angoisse d’une vie perturbée par les roquettes et marquée par les 15 secondes de course vers un abri.
Merci aux organisateurs de Keren Ner Le Ketty, en mémoire de Ketty, une jeune mère de trois enfants qui décéda en 1996. Sa famille et ses amis décidèrent de poursuivre les actions d’entraide et de solidarité qu’elle avait entreprises, en créant un fond d’aide sociale israélien.
Nous recommandons aux amis d’Israël, premièrement de venir en Israël, également de faire de telles « visites » de mémoire dans ces lieux chargés de souffrance et d’émotion. Il ne faut pas oublier.
(A voir en Lien, l’excellent reportage-photo de notre ami Richard Elkaïm)