De la même manière que le peuple juif n’est pas missionnaire, l’Etat hébreu n’est pas expansionniste comme la plupart des nations. Israël attaque pour se défendre, comme il l’a fait durant la guerre des six-jours, et Dieu fait « le reste », c’est Lui qui agrandit le territoire. Dans le dernier tiyoul de « Hashorashim » autour du Kineret, nous avons pu visiter le site ‘Homa ouMigdal (muraille et tour), là où se trouve également le Kibboutz Nir-David (ou Tel Amal), contigu au Gan haShloshah (parc national verdoyant, abritant de nombreux bassins d’eau naturelle), à 5 km de Beit Shean.
La tour et la muraille
Nous parlons d’un concept : dans les années 1930, les Juifs commençaient à revenir dans le pays. Il y avait les Israéliens nés dans le pays (les sabarim, ou sabras), et il y avait les jeunes Juifs venus de tous les pays. Alors qu’ils défrichaient durement la terre, luttant contre la malaria du fait des nombreux marais, les Juifs subissaient les razzias des Arabes.
La Loi ottomane (et britannique) stipulait que la terre appartenait à ceux qui la cultivaient. Pour cela, il fallait résister au moins un jour, suite à cela, un village pouvait être créer. Le concept était alors de constituer un kibboutz en une journée (bayom ‘e’had) avant que les tireurs arabes éliminent les cultivateurs juifs. Ainsi est née l’idée de « ‘Homa ouMigdal » : la construction en kit de tout ce qu’il faut – la tour/Migdal, la palissade/’Homa et 4 baraquements. On transportait le tout par camion, et le montage du lieu fortifié devait se faire en une nuit.
Les pionniers juifs planifièrent ainsi l’installation de ces nouvelles implantations. Cela devait se faire par surprise et très rapidement, afin de mettre les Anglais et les Arabes devant le fait accompli. Entre 1936 et 1939, 51 implantations pré-planifiées furent construites, chacune en une seule nuit. L’élément central était la tour de garde et la palissade qui protégeaient les Kibboutzim. Ceux-ci furent principalement créés sur des terres qui avaient été achetées par le Keren Kayemet LeIsrael (le KKL – Fonds national juif chargé de l’achat de terres et de l’installation de pionniers).
Un désert devenu « le pays où coule le lait et le miel » …de dattes !
Au 20e siècle, Israël était une terre désertée et désertique ; Mark Twain (1835-1910), le fameux écrivain américain, la décrit ainsi : « Il n’y avait pratiquement pas d’arbre ou d’arbuste. Même l’olivier et le cactus, ces amis rapides d’une terre sans valeur, avaient presque déserté le pays ». L’exil de 2000 ans du peuple juif correspondait à l’exil de la terre, rendue déserte : les Ottomans qui avaient occupé le pays pendant 400 ans (1517-1917) n’en avaient rien fait, ils l’avaient plutôt détruite (sauf du temps de Soliman le Magnifique qui avait stimulé l’immigration juive). « Le pays se retrouva dans un état d’abandon quasi-total. A la fin du XVIIIe siècle, la plupart des terres appartenaient à des propriétaires absents et étaient affermées à de pauvres tenanciers. Les grandes forêts de Galilée et du mont Carmel furent déboisées ; les marécages et le désert gagnèrent les terres arables ». www.mfa.gov.il/mfa/mfafr/realites%20israel/histoire/pages/histoire-%20sous%20domination%20etrangere.aspx
« Au XIXe siècle, l’arriération médiévale céda progressivement la place aux premiers signes de progrès avec la venue des savants britanniques, français et américains qui entreprirent des études d’archéologie biblique ; la Grande-Bretagne, la France, la Russie, l’Autriche et les Etats-Unis ouvrirent des consulats à Jérusalem. En 1870, la population de Jérusalem était majoritairement juive. Des terres agricoles étaient acquises dans tout le pays et de nouveaux villages furent fondés. L’hébreu, longtemps réservé à la liturgie, redevint langue vivante. La scène était prête pour l’émergence du mouvement sioniste ».
Nir-David ou Tel Amal
Il y eut une ma’hloket (un désaccord) concernant le nom du Kibboutz. Le nom d’origine était Tel Amal, Tel faisant référence au Tanakh, et Amal au ‘dur labeur’. Mais à un moment de sa croissance, le Kibboutz eut vraiment besoin d’argent frais. Une jeune kibboutznik connaissait à Johannesburg une communauté de Juifs issus de Vilna en Lituanie. David Wolffsohn en faisait partie. Des fonds vinrent de cette communauté et certains voulurent en retour changer le nom du kibboutz en Nir David (Nir=champ cultivé) en l’honneur de David Wolffsohn (1).
Wolffsohn fut celui qui eut l’idée du drapeau d’Israël avec l’étoile – le talith et le Magen David au milieu, quand Herzl avait pensé à 7 étoiles sur fond blanc. David Wolffsohn devint le président du Congrès sioniste à la mort de Theodor Herzl en 1904. Il avait l’intention d’émigrer en Eretz Israël, ayant acheté un grand terrain près de Jaffa, mais il mourut avant cela d’une attaque cardiaque, le 15 sept 1914. En 1952, sa dépouille et celle de sa femme furent transférées à Jérusalem et inhumées à côté de celle de Theodor Herzl, sur le mont Herzl, à Jérusalem.
(1) photo : Délégation sioniste à Jérusalem, le 2 nov 1898, accompagnant le Kaiser Guillaume II lors de son voyage en Palestine. De gauche à droite : Max Bodenheimer, David Wolffsohn, Theodor Herzl, Moses Schnirer, Joseph Seidener. Ensemble, ils ont, semble-t-il, planté des palmiers dattiers.
Migdal ‘oz, la tour forte de Dieu
Migdal vient du mot gadol = grand. Salomon a écrit : « Le nom de l’Eternel est une tour forte : le juste s’y réfugie et se trouve en sécurité » (Prov 18 :10). En construisant cette tour/Migdal au centre des murailles, les pionniers plaçaient Dieu au cœur de leur projet. C’est avec cette foi en un Dieu grand et puissant, que les Israéliens ont pu vaincre toutes les armées.
Lorsque Néhémie est venu de Babylone inspecter les murailles de Jérusalem (‘Homot Yerushalaïm), il vit qu’elles étaient en ruine (Néh 1 :3). Alors, contre tous les ennemis d’alors dont « Sanballat le Horonite, Tobija l’Ammonite et l’Arabe Gueshem », les Juifs revenus de l’exil purent les reconstruire, la truelle d’une main et l’épée de l’autre. Et quand le Temple fut également reconstruit, un réveil national éclata lorsque, le jour du shofar, « le 1er jour du septième mois », Esdras fit la lecture de « la Torah de Moïse » (Néh 8).
Il appartient à chacun de nous, Juifs et chrétiens, de placer Dieu au cœur de notre vie, comme « une tour forte » – c’est notre Migdal ‘oz, notre salut et notre force. De même, la Bible précise que Dieu « a placé des gardes (shomrim) sur les murailles de Jérusalem » (Esaïe 62 :6). Aujourd’hui, c’est la responsabilité de tout croyant biblique de se placer résolument sur ces murailles/’homot pour défendre Israël, jusqu’à la venue du Messie, le Fils de David !