13 mai 2013
Pasteur Gérald Fruhinsholz
Evyatar Borovsky était un amoureux de la Torah et de la terre d’Israël ; il venait de s’installer en Judée-Samarie, et il a été assassiné le 30 avril dernier par un jeune arabe de 22 ans, habitant de Tulkarem. Evyatar, 32 ans et père de cinq enfants, résidant à Yitzhar, était un artiste. « Napo était son nom d’acteur, et il participait à un programme de théâtre thérapeutique pour aider les personnes atteintes d’un choc post-traumatique comme il y en a beaucoup en Israël. Un de ses amis le décrit comme la personne la plus talentueuse et drôle qu’il connaissait, un autre que son esprit était tourné vers l’art et qu’il voulait aider les gens en souffrance avec le théâtre et la comédie, il suivait également un cours pour devenir clown d’hôpital – « L’Art était son âme« .
L’attentat a eu lieu au Carrefour Tapoua’h près d’Ariel. Les attaques y sont fréquentes : « Il y a eu cinq incidents depuis trois semaines, un enfant a été blessé au même endroit. L’armée doit donner son avis sur cette question. Depuis l’ouverture des points de contrôle, les terroristes se promènent librement. Le terrorisme doit être pris plus au sérieux dans la région et les militaires devraient agir en conséquence. L’armée doit revenir au passé et faire son travail en éradiquant le terrorisme ambiant ». (voir le site Alyaexpress)
La glorification des « héros », assassins en puissance
« Al Zaghal (le meurtrier) était un ancien prisonnier libéré, retombé dans le terrorisme. On dit qu’il a voulu effacer la « tache sur son honneur » parce que son frère était accusé de coopérer avec Israël. Un homme choisi au hasard, assassiné pour « rétablir l’honneur » d’un terroriste : seul un esprit et une culture malades peuvent soutenir une telle idée. Et en effet, cet assassin est soutenu et même plus, exalté par les médias de l’Autorité palestinienne, cette Autorité palestinienne si bonne et si modérée qui disserte sur la paix dans les médias. Il est qualifié de héros sur la page Facebook du Fatah (OLP). Cette exaltation des tueurs n’est pas un accident, c’est un schéma régulier qui se répète constamment : celui qui tue des Juifs israéliens est un héros qu’on glorifie». (voir le site Alyaexpress)
Comment Avyatar, portant une arme, a pu se faire tuer ?
On doit tout d’abord parler du démantèlement des points de contrôle, fait sous la pression des nations. Cette levée laisse plus de liberté à tous ceux qui veulent faire un mauvais coup. Ensuite, il existe une autre pression, celle de la justice israélienne : sortir son arme et se défendre exige tant d’implications juridiques que l’on réfléchit à deux fois pour le faire. Contrairement à d’autres pays où l’on tire et l’on réfléchit après sur l’éventuelle bonne décision, en Israël, il est demandé des comptes. Hélas, une seconde d’hésitation peut faire la différence entre la vie et la mort. Là, l’excès de précaution a été mortel.
« On a tellement inhibé et intimidé les citoyens israéliens et personnels des forces de sécurité que c’est devenu pratiquement impossible, lorsqu’une agression terroriste se profile, de prendre les devants et d’être en état de réagir à temps sans prendre de risques de poursuites judiciaires… Après la révolution constitutionnelle initiée dans les années 90 et l’atmosphère suicidaire induite par les accords d’Oslo en vigueur jusqu’à présent, on n’a pas idée combien le système juridique israélien a lié pieds et poings devant les terroristes arabes. On ne peut vraiment ouvrir le feu sans prendre de risques juridiques qu’une fois qu’on est mort. Les consignes sont si pointilleuses qu’elles sont pratiquement inapplicables en temps réel. Quand on renouvelle le permis de port d’arme, les instructeurs de tir expliquent la chose suivante : « Si vous ouvrez le feu sur un éventuel agresseur armé d’un couteau ou autre, quelles que soient les circonstances, même en légitime défense, on vous ouvrira un casier judiciaire ». (voir l’article de Méir Ben-Hayoun, pour « Parole Volée »).
Le fils d’un de nos amis fut envoyé comme officier pour protéger le tombeau de Rachel, à Bethléem. Quatre pages d’instruction lui ont été données, pour le moindre cas d’altercation… Avec humour, il dira après coup : « J’ai prié que rien ne m’arrive, car je n’aurai pas eu le temps de lire » l’alinea n°3, page 3″, qui précise comment agir dans cette situation… ».
Israël, bouc émissaire
Voilà une idée de l’extrême complexité de la situation en Israël qui doit faire face à des ennemis en permanence, tout en s’imposant une éthique ou un principe de précaution qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Cependant, même en respectant cette éthique, au risque de se faire tuer, Israël sera de toute façon accusé, et comme nous le voyons pour le bateau turc Mavi Marmara (1), condamné à présenter des excuses.
Israël n’a pas fini de « jouer le rôle du bouc émissaire » qu’on lui impose. Telle est la façon dont les nations se déculpabilisent : en rejetant la faute sur quelqu’un ; et qui mieux que les Juifs peuvent prendre cette place maudite. Georges Clemenceau reprendra cette pensée à propos de l’affaire Dreyfus, disant : « Tel est le rôle historique de l’affaire Dreyfus. Sur ce bouc émissaire du judaïsme, tous les crimes anciens se trouvent représentativement accumulés ».