Pasteur Gérald Fruhinsholz,
Le 3 octobre 2005, ou 1er jour de l’année 5766
Un ami de Tel-Aviv me disait récemment : « Comment vas-tu ? Je te visiterai bientôt à Jérusalem ; d’ici là, tu auras pris quelques racines… ». Combien il est important de s’enraciner ! Cela fait 10 ans que nous venons en Israël, en organisant des groupes ou en venant individuellement, mais toujours sur une période très courte. Prendre racine quelque part, c’est habiter, résider, vivre dans le pays et prendre de nouvelles habitudes, selon une nouvelle façon de vivre ou de manger, ou de penser même. La vie en Israël n’est pas la même qu’en France ou en Europe, loin de là.
De même, c’est une chose de lire sa Bible en Occident et une autre de la lire en vivant dans le pays de la Bible, et dans la langue de la Bible… on pourrait dire dans le pays de D.ieu et dans Sa langue. Venir en Israël change la foi d’une certaine manière, en la rendant plus vivante, plus réelle. On doit aussi comprendre que retrouver les racines hébraïques, c’est couper avec l’esprit de paganisme qui a longtemps enveloppé la foi chrétienne, l’obscurcissant d’un voile et la salissant. S’enraciner en Israël, c’est en fait retrouver ses vraies racines, celles de l’Olivier franc sur lequel nous sommes greffés.
Il faut cependant souligner que ce « chemin de retour », cette « alyah » spirituelle ne peut se faire sans D.ieu. Vivre en Israël n’est pas une expérience romantique. Jésus a vécu trois ans de ministère en sachant qu’Il livrait sa propre vie. C’est un privilège de vivre sur la terre d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, mais pour tous ces hommes et toutes ces femmes appelés par D.ieu, il y avait un prix à payer. Ne venons pas en Israël, si l’on n’est pas prêt à payer le prix.
Le Seigneur réserve une place en Israël pour tous ceux et celles qui en ont le désir : « La postérité de ses serviteurs (les Juifs) en fera son héritage, et ceux qui aiment Son nom (chacun peut y mettre son nom !) y auront leur demeure ». De même, D.ieu compte sur beaucoup d’entre les chrétiens d’habiter en Israël pour y être des soldats, des sentinelles, des témoins : « Les princes (des hommes de bonne volonté) des peuples se réunissent au peuple du Dieu d’Abraham ».
D.ieu réside à Jérusalem
Il y a plusieurs mots et racines pour indiquer le sens d’habiter. Citons-en deux :
– Yachav ( = habiter, être établi, demeurer) :-Ps.9:11 « Chantez à l’Eternel, qui réside en Sion ». Dans le même sens, il est indispensable de « demeurer » en Celui qui est et qui demeure : Ps.91:1 « Celui qui demeure sous l’abri du Très-Haut Repose à l’ombre du Tout-Puissant. ». C’est Lui qui donne la paix et la force d’avancer. La Bible affirme donc l’habitation divine à Jérusalem : Ps.132:14 « C’est mon lieu de repos à toujours; J’y habiterai, car je l’ai désiré. ». Les Tochavîm (racine Yachav) sont ceux qui habitent la terre d’Israël. Ce ne sont pas des « colons » !
– Shakhan( = reposer, être au milieu, rester…) – Ps.135 :21 « Que de Sion l’on bénisse l’Eternel, quihabite à Jérusalem ! Louez l’Eternel ! ». « Juda sera toujours habité, et Jérusalem, de génération en génération. Je vengerai leur sang (d’Israël) que je n’ai point encore vengé, et l’Eternel résidera dans Sion. » (Joël 3 :21). Yakhan, c’est le mot utilisé pour désigner l’Esprit, la Nuée : la « Shekhinah ». C’est la racine par excellence qui désigne la présence divine, qui se manifestait dans le Tabernacle (appelé aussi « Mishkhan »). Elle résida longtemps dans le Temple et le quitta ainsi que Jérusalem, comme le dit Ezéchiel : « Les chérubins déployèrent leurs ailes, accompagnés des roues ; et la gloire du D.ieu d’Israël était sur eux, en haut. La gloire de l’Eternel s’éleva du milieu de la ville, et elle se plaça sur la montagne qui est à l’orient de la ville » (Ez.11 :22 )… quiestle Mont des Oliviers sur lequel le Messie posera Ses pieds.
Le prophète Ezéchiel voit en esprit le retour de cette « shekhinah » : « Et voici, la gloire du D.ieu d’Israël s’avançait de l’orient. Sa voix était pareille au bruit des grandes eawux, et la terre resplendissait de Sa gloire… Il me dit : Fils de l’homme, c’est ici le lieu de mon trône, le lieu où je poserai la plante de mes pieds ; J’y habiterai (yakhan) éternellement au milieu des enfants d’Israël. ».(Ez.43 :2, 7). Le D.ieu d’Israël a Ses racines en Israël, dans la ville de David ! Et c’est de là, de Son trône, qu’Il règnera sur toute la terre, en tant que Mashia’h, en tant que Roi des rois.
Les racines d’en-bas
Ps.68 :17 : « L’Eternel fait de la montagne (qu’Il a voulue pour résidence) Sa demeure à perpétuité ! ». Si le D.ieu-Eternel, qui possède Sa demeure au ciel dit habiter « à perpétuité » à Jérusalem, c’est que les « deux demeures », les deux « Jérusalem » sont compatibles. Cela signifie qu’il n’est pas paradoxal d’avoir « ses racines de foi » fixée dans le ciel et d’autres « racines d’en-bas » en Israël, à Jérusalem.
En tant que chrétiens, nous sommes « citoyens du ciel » (Phil.3 :20), étrangers ou pèlerins sur la terre et dans le monde, mais la Bible dit aussi que « nous règnerons avec Lui pendant mille ans » sur la terre(Apo.20 :4, 6). Y a t-il incompatibilité ? Non, si la Bible le dit. N’est-ce pas trop facile quelquefois de dire que nous sommes un peuple « spirituel » et qu’il ne nous appartient pas de prendre position en faveur d’un peuple ou une nation comme Israël ? Réalisons alors qu’Israël est « la prunelle des yeux »de D.ieu, et qu’il convient d’aimer Son peuple, de le consoler, de le soutenir, et d’investir sur Sa terre, en vue de « préparer le chemin du Messie ».
Besoin d’une révélation ?
Historiquement, nous constatons que l’Eglise a eu besoin de révélations pour grandir et rentrer dans sa maturité, dans sa complétude. A chaque étape, l’Eglise pensait avoir toute compréhension des choses, et beaucoup refusaient la « nouvelle révélation » nécessaire à la croissance et suffisante pour le temps d’alors. L’orgueil a toujours été le problème de l’homme et aussi celui des chrétiens. Nous pensons avoir toute la connaissance…. Notre église possède la vérité… notre théologie est la bonne, à tel point que certains peuvent penser « en dehors de notre église, point de salut ! ». Or, « la connaissance enfle » (1Cor.8 :1). Il faut de l’humilité pour accepter de croire que l’on ne sait pas tout et qu’une autre révélation peut nous apporter quelque chose.
Certains s’appuient sur Apo.22 :18 : « Si quelqu’un ajoute quelque chose à ce livre »… il est coupable. Bien sûr, mais si D.ieu met Sa lumière sur des passages importants de la Parole que nous avions mis de côté, alors il s’agit d’une révélation dont nous avons grandement besoin. « Israël » est le dernier élément du Tabernacle avant la venue de la Gloire de D.ieu. Avant l’arche de l’Alliance qui est l’image d’Israël, il y d’autres éléments et d’autres révélations qui se sont succédés dans le temps de l’Eglise : L’autel d’airain – le salut par la foi ; le bassin d’airain – la sanctification ; la Menorah – le Saint-Esprit ; les tables de pains de proposition – l’amour du Père ; l’autel des parfums – la louange. Nous voici donc avec l’Arche de l’alliance à la dernière révélation avant la venue du grand ROI. Israël a été le peuple Lévite par excellence qui a porté l’Arche de l’Alliance et la Loi de Moïse à l’intérieur de l’Arche, dans toutes les nations. Ils ont été « porteurs de la Loi » – peuple théophore, porteur de D.ieu – et ils reviennent à présent à la maison pour être accueillis par le Père. Refuser cette dernière révélation équivaut à mépriser les plans divins. Chaque révélation est comme du vin nouveau et il est indispensable que « nos outres » soient bien souples et non raidies. Que nos cœurs acceptent humblement la révélation qui peut bouleverser nos théologies bien structurées.
D.ieu est plus grand que nos conceptions théologiques, aussi bien construites soient-elles. Ces conceptions peuvent être des carcans ou des voiles épais qui nous obscurcissent les yeux et l’entendement. Pierre lui-même qui fut l’un des plus grands apôtres utilisé par D.ieu, a dû lutter contre sa propre chair et ses pensées naturelles qui l’empêchaient de croire que le Seigneur voulait aussi toucher les non-Juifs. Ces non-Juifs, dans la « théologie » de Pierre, ne pouvaient pas même connaître l’Alliance divine, n’étant pas du peuple juif. Pour lui, ils n’étaient pas « casher » et D.ieu qui avait interdit de consommer de la viande non-casher, ne pouvait pas faire entrer dans l’alliance des non-Juifs. Ainsi en est-il aujourd’hui : le Seigneur veut que nous regardions à Ses plans et que nous focalisions sur Israël et Jérusalem pour les temps d’aujourd’hui et de demain afin de « préparer le chemin du Seigneur », du Messie, le Roi de gloire qui vient régner sur la terre, de Jérusalem.
Cela contrarie ceux qui ne pensent notamment qu’à « être enlevés » pour être éternellement avec D.ieu, on pourrait dire égoïstement avec Lui dans le ciel. Le Seigneur nous désigne notre dernière tâche. Il ne force pas la porte de nos cœurs, mais s’adresse à tous ceux et celles qui considèrent que les désirs de Son cœur sont plus importants que nos propres désirs. C’est à nous de comprendre et discerner les temps de la fin, à nous de rechercher Son cœur. « La gloire de D.ieu, est de cacher les choses ; la gloire des rois est de sonder ces choses. » (Prov.25 :2). Soyons ces rois ! La Bible dit : « Qu’entre le portique et l’autel pleurent les sacrificateurs, serviteurs de l’Eternel, et qu’ils disent : Eternel, épargne ton peuple ! Ne livre pas ton héritage à l’opprobre, aux railleries des nations !» Joël 2 :17.
Elle dit aussi, et c’est toujours par rapport à Israël :
– « Consolez, consolez mon peuple ! » (Esaïe 40)
– « Fortifiez les mains languissantes, affermissez les genoux qui chancellent… » (Es.35)
– « Soyez des gardes sur les murailles de Jérusalem et rappelez son nom à D.ieu… » (Es.62)
– « Chantez les louanges de Jacob » (Jér.31), etc…
Et si cela ne correspond pas à ce que j’ai appris à l’église ou au Collège biblique, tant pis ! C’est un choix devant nous : l’enseignement des hommes ou celui de D.ieu. Si je dois passer par la « Tribulation » avant d’être « enlevé », ou si par « être enlevé », je dois comprendre « être transporté » pour régner à Jérusalem sur Israël, alors, je m’incline et dis « amen, Seigneur ». C’est ce à quoi je crois. Je veux faire Ta volonté. C’est le temps pour le Père d’ouvrir les bras à « son Fils bien-aimé » – Israël, qui revient à la maison « des extrémités de la terre » en Erets-Israël, pour se préparer à accueillir Son Mashia’h, qui vient à Jérusalem établir Son trône
S’enraciner et être témoin
En pleurant avec les Juifs des implantations qui doivent partir de la terre que D.ieu leur a donnée, c’est, quelque part, s’identifier au peuple de D.ieu. Partager les difficultés et se réjouir durant les fêtes de l’Eternel avec les Juifs en Israël, c’est apprendre à aimer les fils et filles de Jacob. Il est bon d’apprendre à connaître le peuple juif et à l’aimer comme D.ieu l’aime. Jésus était Juif et Il l’est de sang et de cœur. Il s’est identifié à Son peuple, a pleuré avec lui dans les épreuves, et s’est réjoui avec lui dans les bons moments, et sur la croix, il n’a pas été question de reproches ou même de malédiction mais de pardon ! Il a été « le Témoin » par excellence, témoin de la grâce de D.ieu, celle que nous aussi devons manifester aujourd’hui, pour préparer le chemin du Messie. Il vient bientôt. Qu’Il soit béni, Celui qui vient au nom du Seigneur, alléluia !!