Monsieur le Président de la République,
La France, sous votre impulsion, a été à l’initiative pour une intervention des Nations Unies en Libye, en faveur des Libyens se soulevant contre le régime dictatorial de leur président Mouhammar Kadhafi.
Le caractère incroyable des moyens mis en œuvre, peut-on dire disproportionnés, face à un pays de 6 millions d’habitants peut simplement surprendre. La coalition n’a pas lésiné sur les moyens à utiliser. C’est une véritable Armada qu’elle a déployée pour venir en aide aux insurgés libyens…
Nous savons malheureusement que des centaines de civils ont été victimes des bombardements. Des erreurs ont été commises et des convois amis ont été pris pour cibles par des avions de la coalition. Celle-ci a pu également comprendre ce que signifie le terme « boucliers humains » lorsque les combattants ennemis se cachent au sein d’une population civile, et que tout raid occasionne des « dommages collatéraux ».
Or Monsieur le Président, le 27 décembre 2008, vous avez condamné l’opération « Plomb durci » faite par Israël contre Gaza, dénonçant avec vigueur « … les provocations irresponsables qui ont conduit à cette situation ainsi que l’usage disproportionné de la force ».
Le diriez-vous toujours aujourd’hui, et de la même façon ?
Comme vous le savez, la situation en Israël était vraiment différente :
- La France s’est engagée dans un conflit en Libye, qui n’est aucunement une menace, ni pour la population française ni pour son territoire.
- Par contre, Israël a reçu des milliers de roquettes sur son propre territoire durant des années (et continue d’en recevoir) et a logiquement défendu sa population. Il s’agissait d’une réaction légitime d’un Etat, face à un ennemi déclaré, en l’occurrence le Hamas, représenté par plusieurs groupes terroristes – des combattants habillés en civils, se cachant derrière la population. Il se trouve d’ailleurs que Tsahal est la seule armée au monde à envoyer des tracts pour signaler l’imminence d’un bombardement, de manière à avertir les civils.
Autre conflit, la Côté d’Ivoire. La France s’est également engagée avec une force militaire d’envergure. Elle a soutenu les soldats pro-Outtara, s’ingérant au sein d’une démocratie, et des massacres terribles ont eu lieu – selon la Croix-Rouge, un millier de personnes ont été tuées à Duékoué, première ville de l’ouest ivoirien à être tombée aux mains des forces pro-Ouattara.
Ces derniers jours, des hélicoptères français ont bombardé le palais et la résidence du Président Laurent Gbagbo, ainsi que des camps militaires contrôlés par les forces pro-Gbagbo. Je ne suis pas qualifié pour dire si l’intervention de la France est justifiée ou non, mais encore une fois, je constate que ce que l’on refuse à Israël – un simple droit à l’auto-défense – les nations et la France notamment, se le permettent, allant bien au-delà. Alors :
- Pourquoi Israël n’a-t-il pas le droit de se défendre et protéger sa population ? Y a-t-il deux poids et deux mesures – les victimes palestiniennes sont-elles plus importantes que les victimes égyptiennes, tunisiennes, libyennes, syriennes, yéménites, ou ivoiriennes ?…
- Pourquoi également, la France refuse-t-elle la requête israélienne d’annulation du Rapport Goldstone ? Le juge Richard Goldstone qui auparavant accusait Israël de « crimes de guerre », a récemment, et sans doute à la lumière des conflits actuels, reconnu avoir affirmé à tort qu’Israël avait visé intentionnellement des civils.
Habitant à Jérusalem, nous ne pouvons que remarquer ces injustices flagrantes lorsqu’il est question d’Israël et du peuple juif. Nous connaissons votre amitié envers Israël, et nous croyons que vous serez sensible et compréhensif pour que la diplomatie française manifeste une vraie justice à l’égard de cet Etat, unique démocratie au Moyen-Orient, et fasse pression sur la Commission des Droits de l’homme à l’ONU pour annuler ce « rapport » inique.
Respectueusement à vous,
Gérald & Sophie Fruhinsholz
6 avril 2011
« Celui qui bénit Israël sera béni » –Genèse 12